Discours de Michel Guillerme sur la réunification de la Bretagne

 

 

 

La confédération Kendalc’h dont je suis membre et acteur, est certainement la plus grande structure du genre en Europe. Elle compte 152 associations et plus de 15 000 adhérents dans les cinq départements du monde breton, historique, humain, culturel, ainsi qu’en île-de-Fance. Cette confédération vise a l’étude, la conservation, la valorisation, la promotion et la formation de et a tous les arts traditionnels de la Bretagne entière plus que millénaire, la danse, le chant, la musique, les deux langues  (gallo et breton), l’architecture, les modes vestimentaires…
Les activités à l’intérieur de Kendalc’h sont foisonnantes tout au long de l’année et l’attachement a l’intégrité de notre espace et territoire breton entier est viscéral, nous le rappelons avec force depuis que nous l’avons vu déchiré, écartelé en 1971, pour un projet régional qui reprenait celui de la France de Pétain.
Ayant été appelé en urgence pour faire cette brève intervention, je vais reprendre quelques éléments d’une prise de parole que j’avais faite en introduction à la remise de résultats de notre concours à l’adresse de tous les groupes de la confédération à Vannes en avril 2015, cela prouve s’il en est besoin que la réunification de la Bretagne est une de nos priorités !
Voici ce que je disais, on se replacera dans le contexte de l’adresse aux 3000 membres de ces groupes rassemblés :

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » c’est-ce que nous dit Rabelais.
La science, celle ce que nous partageons, celle que nous vivons et faisons vivre, la science que nous ont léguée nos parents et que nous empruntons à nos héritiers (pour reprendre une formule connue), celle qui nous permet de savoir qui nous sommes et qui nous permet d’avoir  notre place dans le monde  de l’humanité. Cette science,  c’est ce monde infini des arts et traditions populaires qui construisent notre culture spécifique bretonne, petit carreau de la grande mozaïque des cultures de cette humanité.
Sans la conscience, nous n’évoluerions que dans un folklore exangue, passeïste et absent dans la longue marche  en avant de l’humanité. La conscience, c’est justement d’avoir la connaissance de cette science,  de savoir qu’elle est partie constituante de nos fibres, que nous la valorisons, car elle nous appartient. La conscience, c’est sensiblement la vigilance  qui doit être la nôtre à tout moment, quand entre autres, des forces de l’intérieur comme de l’extérieur agissent à malmener, voire détruire la specificité et l’integrité de cette science qui est notre culture de la Bretagne toute entière, unique depuis plus de douze siècles (mille deux cents années !). 
Si nous obeïssions aux diktats des forces qui ont dépecé notre territoire breton, dechiré notre univers unique et magique  « que nous ont légué nos parents et que nous enpruntons à nos héritiers », quelle légitimité aurais-je d’être là ? Moi qui suis nantais de cœur et ai choisi de vivre dans la ville du château des ducs de Bretagne, reléguée désormais dans une région criante d’artificialité et sans cette culture des arts et traditions populaires. 
Si nous obeïssions aux diktats de ces forcesn quelle légitimité a la présence aujourd’hui ici de sept ensembles   de l’ancien comte nantais ? Quelle légitimité ont eu les  vingt-neuf belles prestations des meilleurs ensembles de danse bretonne de toute la Bretagne, du Conquet à Clisson et du marais de Dol à celui de Guérande… Rond paludier, galop de Basse-Indre, Avant-deux de Ligné-les-Touches… Ces danses ne seraient donc plus bretonnes ?
Qui oserait émettre un doute quant a leur appartenance :
-Au fonds ancien breton
-Au fonds moderne breton
-Au fonds patrimonial breton

Dissocier nos traditions populaires et artistiques nantaises de celles du reste de la Bretagne relève d’une inique malhonnête intellectuelle, c’est une insulte à l’histoire et à la culture des femmes et des hommes de la Bretagne  entière vieille je le redis de douzes siècles.
Mesdames et messieurs les politiques, chargés par la démocratie du bien, du bien-vivre, du respect, de la sérénité et du bonheur de ceux qui vous donnent le pouvoir, tenez-le vous pour proclamé !


Michel Guillerme, Nantes le 24 septembre 2016

 

Photo de Samuel Ouvrard :

 

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