Bretagne, Terre d'avenir

Editorial de Catherine Latour pour le Keleier n°55.

À l’heure où paraîtront ces lignes, nous serons en assemblée générale annuelle. L’Assemblée générale, temps d’arrêt, arrêt sur images, réflexion sur ce que nous avons fait, pas fait, mais aussi réflexion et projection dans l’avenir, que voulons-nous faire? Quel message voulons-nous faire passer?

Cette année 2010-2011 a été encore forte en événements au sein de Kendalc’h : Tradi’Deiz et ses cinquante cercles participants, les quelque cinquante bénévoles des groupes qui ne concouraient pas qui ont réglé la logistique, sans compter les jurés, un staff sans lequel nous ne pourrions pas réaliser ce grand rassemblement, l’exposition, les expérimentations dans le domaine de la danse, etc. Mais quel sens veut-on donner, donne-t-on à toutes ses actions qui vous mobilisent, adhérents de Kendalc’h?
Où en sommes-nous? Il est difficile parfois de le savoir car nous vivons dans le monde et, consciemment ou pas, nous le subissons, nos mentalités changent. Nous sommes pressés par le temps, par les événements, il faut toujours faire dans « la nouveauté », et dans cette société de l’immédiateté, que restera-il de ce que nous appelons aujourd’hui la tradition?

Celle-ci s’est forgée au fil des siècles (sans forcément remonter aux Antipodes), mais tous ces éléments qui constituent notre identité, notre culture, ont mûri, ont évolué lentement dans une société fermée, rurale, où la technologie n’existait pas ou peu, où l’ouverture sur le monde était l’apanage des aventuriers, sur terre ou sur mer, donc comment peut-on conserver, faire vivre et vivre ces éléments culturels?

Au moment où nous sommes rendus à la dernière page d’un livre dont le titre pourrait être « Le temps de la Charte », où Skol Uhel ar Vro (l’Institut Culturel de Bretagne) et l’Agence culturelle de Bretagne (ex-Agence Technique Régionale) ferment leurs portes, où nous avons consommé la vente de Ti Kendalc’h, où la donne politique a évolué, où les difficultés économiques risquent de mettre un frein à l’aide financière des collectivités à la culture, et où les mouvements de population iront vers les métropoles cosmopolites, il faut nous ressaisir, jouer collectif, donner de nous-mêmes par nos engagements pour que ces valeurs perdurent, que nous les transmettions à nos enfants et petits-enfants avec les moyens technologiques actuels. La forme change mais le fond reste! Nous devons arriver, dans les disciplines qui sont les nôtres, à réussir cette alchimie de « l’ancien » et du « nouveau », que nous sachions doser les éléments afin de respecter ce qui a été et de se l’approprier pour l’avenir.

Mondialisation, ouverture, ne veulent pas dire uniformité et Dieu merci, il sommeille toujours dans chacun de nous une envie de faire mieux, de se distinguer, de s’affirmer, cette envie développera notre imagination et engendrera la création mais il faudra laisser à cette dernière le temps de s’épanouir, de s’accomplir, de se confronter à l’existant,  et alors elle deviendra tradition. Efforçons-nous à Kendalc’h d’avoir cet état d’esprit et de le concrétiser en nous impliquant dans la vie collective de nos cités, de nos campagnes, de nos entreprises, en partageant nos connaissances, et alors nous contribuerons  à faire de la Bretagne une terre d’avenir.


Catherine Latour, Présidente de Kendalc’h